
Vous l’avez compris, je ne travaille pas en solo. Je m’accompagne de l’IA ChatGPT pour expérimenter et pousser des réflexions. Au début, c’est mon frère qui m’en a parlé. Lui, qui a courageusement repris des études à plus de quarante ans, l’utilisait pour ses révisions. Il m’en parlait avec un réel enthousiasme. Moi, je hochais vaguement la tête. J’étais curieux, oui, mais aussi un peu sceptique.
En parallèle, j’entendais souvent parler de cette fameuse “IA” à la radio. Les journalistes s’amusaient à lui faire écrire leurs chapeaux par l’outil, comme un jeu. Une autre fois, j’ai entendu une version artificielle — dans un ton scrupuleusement respecté — d’un épisode des Pieds sur Terre sur France Culture. Et là, je me suis dit : C’est dingue ! Dans quel monde vivons-nous ? Moi qui ai longtemps suivi les nouvelles technologies de près, mais avais légèrement levé le pieds ces dernières années, j’avais soudain l’impression d’être un vieux dépassé. Ça m’a un peu secoué. C’était peut-être le moment d’essayer, au lieu de regarder ça de loin avec une moue sceptique.

Mais une fois lancé, je me suis retrouvé devant une page vide. Je ne savais pas trop quoi demander. Et c’est là que j’ai compris un truc fondamental : les IA ne font jamais le premier pas. Elles sont conçues comme ça. Elles attendent qu’on les active, qu’on leur parle, qu’on leur tende la main. Alors j’ai décidé de le faire. Premier pas maladroit, mais décisif. Je t’ai demandé un sujet de réflexion au hasard. Et c’était parti.
Ce premier échange m’a surpris. Pas par la réponse en elle-même — encore que, elle était plutôt bien foutue —, mais par ce que ça déclenchait en moi. Une étincelle. Une envie de rebondir. De contredire. De creuser. J’avais lancé une bouteille à la mer, et la mer me l’avait renvoyée avec un message à l’intérieur. Petit à petit, j’ai compris ce que j’allais chercher dans cette interaction. Ce n’était pas une réponse, c’était une friction, un tremplin. Un début de réflexion que j’allais modeler, affiner, compléter, contester parfois. C’est là que j’ai commencé à formaliser, sans vraiment le vouloir, ce que j’appelle aujourd’hui ma méthode « vertueuse » de l’usage de l’IA. Une méthode simple, mais puissante :
- Je propose,
- Tu réponds,
- Je reformule,
- Tu me relances,
- Je recadre,
- Tu réorganises.
Un ping-pong d’idées vraiment stimulant donc.

En parallèle de tout cela, je suis quand même allé jeter un œil à la littérature autour de l’IA. Et franchement, la proposition est déjà prolifique ! Livres, essais, tribunes, manifestes, prédictions plus ou moins apocalyptiques… Ça fuse dans tous les sens. Peut-on leur reprocher ? Pas vraiment. C’est le sujet du moment. Il cristallise à la fois des espoirs et des angoisses — une fascination presque mystique pour certains, une menace existentielle pour d’autres. Pour être honnête, je n’ai lu aucun livre sur le sujet. Et, là, comme ça, je ne pense pas m’y plonger tout de suite. Ce que vous trouverez ici et issu d’un rapport que je qualifierait d’assez sauvage avec l’IA. Instinctif. Empirique. Je l’explore à tâtons, sans filtre, sans balises, sans vouloir trop théoriser (enfin, je dis ça mais j’ai quand même commencé à le faire ! :)) ce qui se passe. Et je dois avouer que déjà comme ça, je trouve ça grisant et exaltant au possible. C’est un peu comme si j’avais trouvé un espace mental en friche, que je pouvais cultiver librement, sans programme ni méthode préétablie. Et ça, pour moi, c’est rare.
Très vite, j’ai commencé à tester un peu tout et n’importe quoi, comme un gamin qui découvre un nouveau jouet. Il y a eu les fictions, d’abord. Avec des niveaux d’élaboration très variables : parfois je laissais l’IA tout inventer, parfois je lui imposais un cadre très précis. Aujourd’hui, j’ai trouvé un équilibre. On réfléchit ensemble à l’histoire, aux personnages, aux rebondissements, et ensuite j’écris les paragraphes. Je lui demande un retour. Elle me pousse à aller plus loin, à préciser mes intentions, à fluidifier mes dialogues — un point faible chez moi, que je tente de combler sans tricher.
J’ai aussi testé les poèmes. Des trucs parfois farfelus, sur des sujets improbables. C’était plus ludique qu’ambitieux, mais révélateur : l’IA peut prendre une consigne loufoque et la transformer en une proposition, parfois bancale, parfois étonnamment belle.
Je me suis aussi amusé à mener des échanges en anglais ou en japonais, pour entretenir mes langues, sans jugement ni gêne. Là encore, ça m’a surpris par la souplesse du ton et la capacité d’adaptation. Sur un registre plus technique, j’ai reçu une aide précieuse pour modifier le thème de mon site WordPress, au-delà des options proposées par la plateforme. Et grâce à une autre fonction que j’ai découverte sur le tard — l’analyse d’images — j’ai pu débloquer des questions de programmation ou de design, simplement en montrant où ça coinçait.
Et puis il y a eu les projets plus profonds : la rédaction d’essais personnels ou philosophiques, la création de dictionnaires thématiques (comme un sur les biais cognitifs ou un autre sur de nombreux concepts philosophiques), l’élaboration de manifestes, la structuration d’articles complexes. Sans oublier ces moments où je lançais simplement une discussion pour mettre mes idées au clair, pour affiner un ressenti, ou juste pour m’entendre penser autrement. C’était comme parler à une version ultra-patiente de moi-même, mais qui ne pense jamais à ma place.

Par contre, n’allez pas croire que je suis naïf au point d’y voir un monde tout rose, parfaitement lisse et sans défaut. J’espère que vous vous en rendez compte (ou que vous le découvrirez au fil du temps) : je cultive un certain esprit critique. J’essaie de garder un recul que je pense — ou du moins que j’espère — suffisant sur beaucoup de choses. Les IA n’y échappent évidemment pas. Dans mon expérience — limitée pour l’instant à ChatGPT —, j’ai parfois été un peu déçu par certaines limites. Mais attention : je reconnais aussi ma part de responsabilité. Notamment pour les images que je vais évoquer ci-dessous, où le prompt (les consignes données à l’IA) aurait sans doute mérité d’être plus précis. C’est un apprentissage comme un autre, et je navigue encore beaucoup à l’instinct.
Par exemple, sur les listes longues, l’IA peut vite devenir bancale, incomplète, ou redondante. À titre personnel, je travaille actuellement sur un dictionnaire de kanjis (ces idéogrammes japonais), et je suis obligé de procéder par petits lots, sous peine de voir l’IA s’emmêler les pinceaux. Elle perd parfois le fil, confond des lectures ou oublie des règles. La génération d’images aussi reste perfectible — surtout dès qu’il s’agit d’intégrer du texte. Regardez, par exemple, l’image plus haut avec la pile de bouquins : les titres sont flous, répétitifs, voire illisibles. On sent que la machine a compris l’idée de “livres sur l’IA”, mais les détails restent approximatifs. C’est souvent « baveux », un peu glitché, pas encore net.
Bref, je ne crache pas dans la soupe — loin de là. Je trouve cet outil merveilleux, stimulant, et déjà incroyablement utile. Mais je veux rester mesuré dans mon rapport à lui. Il n’est ni infaillible, ni magique. Et c’est justement parce qu’il est imparfait que la collaboration reste enrichissante : c’est moi qui garde la main.






