Je me suis souvent demandé pourquoi mêmes les personnes les plus alertes et lucides pouvaient croire à des choses absurdes, défendre des idées bancales ou faire des choix déconnectés de leur intérêt réel. Les biais cognitifs ne justifient pas tout, mais ils expliquent beaucoup. Voici donc un dictionnaire pour décortiquer ces pièges invisibles de l’esprit humain — et, peut-être, apprendre à penser un peu plus clair.
🧠 Index des biais cognitifs
- Biais d’ancrage
- Biais d’attribution
- Biais d’autorité
- Biais de l’autoconfirmation
- Biais d’auto-complaisance
- Biais d’auto-référentialité
- Biais d’aversion à la perte
- Biais de cadrage
- Biais de choix paradoxal
- Biais de confirmation
- Biais de conformité
- Biais de disponibilité
- Biais de fausse unicité
- Biais de fixation
- Biais de justification post-hoc
- Biais de la croyance en un monde juste
- Biais de la mémoire sélective
- Biais de l’effet de l’observateur
- Biais de l’effet de halo social
- Biais de l’effet de proximité
- Biais de l’illusion de contrôle
- Biais d’engagement
- Biais de négativité
- Biais d’émotivité
- Biais d’inhérence
- Biais de gratification instantanée
- Biais de groupe
- Biais de primauté
- Biais de projection
- Biais du protagonisme
- Biais de surconfiance
- Biais de rareté
- Biais de récence
- Biais de rétrospection
- Biais d’optimisme
- Biais d’optimisme affectif
- Biais du statu quo
- Biais du statut social
- Biais du survivant
- Biais FOMO
- Effet Barnum
- Effet de faux consensus
- Effet de contraste
- Effet de halo
- Effet de la troisième personne
- Effet de simple exposition
- Effet Dunning-Kruger
- Effet placebo
- Effet IKEA
📌 Biais d’ancrage
🎯 Catégorie :
• Biais de jugement et d’estimation
🧠 Définition :
Tendance à s’appuyer excessivement sur la première information disponible (l’ancre) lors d’une prise de décision, même si celle-ci est arbitraire ou non pertinente.
🔍 Comment l’identifier :
- Lorsque l’on base une estimation sur un chiffre proposé, même sans lien logique.
- Lorsque l’on reste influencé par un prix de départ, même après avoir reçu de nouvelles informations.
💡 Exemples concrets :
- Un acheteur juge une réduction importante parce qu’un produit est passé de 100€ à 70€, même si la valeur réelle est inférieure à 70€.
- Lors d’une négociation, la première offre posée influence toute la discussion, même si elle est irréaliste.
- Un sondage précédé d’une question chiffrée (ex. : “Y a-t-il plus ou moins de 500 000 habitants ?”) influence la réponse estimée.
🧭 Comment s’en défaire :
- Prendre du recul face aux premières données disponibles.
- Comparer plusieurs sources ou repères indépendants.
- Reformuler le problème sans les chiffres initiaux pour une nouvelle estimation.
🎯 Biais d’attribution
🎯 Catégorie :
• Biais lié à la perception sociale
• Biais lié à l’interprétation des comportements
🧠 Définition :
Tendance à surestimer les causes internes (intentions, personnalité) dans les comportements des autres, tout en sous-estimant les facteurs contextuels ou externes.
🔍 Comment l’identifier :
- Lorsque l’on attribue un comportement négatif à un défaut personnel plutôt qu’à une situation contraignante.
- Lorsque l’on excuse ses propres erreurs par des circonstances extérieures mais juge durement celles des autres.
💡 Exemples concrets :
- Considérer qu’une personne en retard est « désorganisée », sans envisager qu’elle ait eu un imprévu.
- Juger un élève silencieux comme « paresseux », sans tenir compte d’éventuels troubles ou d’une anxiété sociale.
- Se justifier d’un échec personnel par un contexte difficile, tout en pointant la responsabilité individuelle chez autrui.
🧭 Comment s’en défaire :
- Prendre le temps de considérer les éléments contextuels dans chaque situation.
- Appliquer la même bienveillance d’analyse à autrui qu’à soi-même.
- Questionner les premières impressions et les confronter à d’autres hypothèses.
🎓 Biais d’autorité
🎯 Catégorie :
• Biais sociaux et d’influence
🧠 Définition :
Tendance à accorder plus de poids ou de crédibilité à une information ou une instruction provenant d’une figure perçue comme légitime ou experte, même lorsque cette confiance n’est pas justifiée.
🔍 Comment l’identifier :
- Acceptation automatique des propos d’un “expert” sans vérification critique.
- Suivi d’ordres ou de conseils en raison du statut de la personne, non de la logique du propos.
💡 Exemples concrets :
- Prendre un médicament sur les conseils d’une célébrité non médecin.
- Suivre une consigne absurde parce qu’un supérieur hiérarchique l’a donnée.
- Croire un “influenceur” sur des sujets scientifiques sans compétences vérifiées.
🧭 Comment s’en défaire :
- Évaluer les propos sur leur contenu, pas leur source.
- Vérifier les qualifications réelles et les conflits d’intérêts potentiels.
- Développer son esprit critique, même face aux figures d’autorité.
🔄 Biais de l’autoconfirmation
🎯 Catégorie :
• Biais cognitifs et interprétatifs
🧠 Définition :
Tendance à chercher, interpréter et retenir les informations qui confirment nos croyances préexistantes, tout en ignorant ou minimisant celles qui les contredisent.
🔍 Comment l’identifier :
- Navigation sur des sites ou forums qui vont dans notre sens uniquement.
- Refus de lire des opinions contraires ou remise en cause de leur légitimité.
💡 Exemples concrets :
- Un antivax ne lit que des articles soutenant ses idées, rejetant tous les autres comme “corrompus”.
- Un supporter de parti politique ne retient que les bons chiffres, ignorant les critiques.
- Une personne persuadée qu’un collègue ne l’aime pas interprétera chaque silence comme un signe de mépris.
🧭 Comment s’en défaire :
- Explorer activement des points de vue opposés.
- Évaluer les informations en se posant : “Et si j’avais tort ?”
- Multiplier les sources et croiser les données avant de conclure.
🪞 Biais d’auto-complaisance
🎯 Catégorie :
• Biais d’attribution et d’estime de soi
🧠 Définition :
Tendance à attribuer nos succès à nos qualités personnelles (interne) et nos échecs à des facteurs extérieurs (externe), dans le but de préserver une image positive de soi.
🔍 Comment l’identifier :
- Prise de responsabilité sélective : “C’est grâce à moi” vs “Ce n’est pas ma faute”.
- Réactions différentes selon qu’un événement est perçu comme un succès ou un échec.
💡 Exemples concrets :
- Un élève qui réussit un examen dit : “J’ai bien travaillé.” S’il échoue : “Le prof est injuste.”
- Un manager attribue les bons résultats à sa stratégie, et les mauvais à l’équipe.
- Une personne justifie un accident par la météo, mais se félicite de sa conduite prudente en temps clair.
🧭 Comment s’en défaire :
- Pratiquer l’auto-analyse honnête, même quand ça fait mal à l’ego.
- Demander des retours extérieurs et écouter les critiques constructives.
- Se rappeler que les circonstances et ses propres actions coexistent souvent.
🎭 Biais du protagonisme
🎯 Catégorie :
• Biais d’interprétation de soi et de narration mentale
🧠 Définition :
Tendance cognitive à se percevoir comme le personnage principal d’un récit en cours, où les événements prennent sens à travers sa propre trajectoire de vie.
🔍 Comment l’identifier :
- Sensation que les événements se déroulent « pour soi » (épreuves, révélations, coïncidences).
- Construction mentale d’un scénario de vie où les autres deviennent des « figurants ».
- Impression d’avoir une « mission », un « destin », ou un rôle unique dans le monde.
💡 Exemples concrets :
- Une personne se voit comme « élue » pour accomplir une transformation du monde ou de son entourage.
- Interpréter les obstacles de la vie comme des « tests scénarisés » pour révéler sa force intérieure.
- Refuser que les autres aient autant d’intériorité que soi, les réduisant à des rôles secondaires.
🎮 Influence culturelle :
Les jeux vidéo, récits de fantasy, mangas shônen ou autobiographies fictionnalisées renforcent cette structure de pensée où tout tourne autour du protagoniste.
🧭 Comment s’en détacher :
- Reconnaître que chacun vit sa propre narration intérieure.
- Pratiquer l’empathie cognitive : imaginer les « films » des autres, leurs enjeux, leurs voix off.
- Revenir à une vision systémique ou collective, moins centrée sur soi.
📉 Biais d’aversion à la perte
🎯 Catégorie :
• Biais lié à la prise de décision
• Biais lié aux croyances et motivations
🧠 Définition :
Tendance à préférer éviter une perte plutôt qu’acquérir un gain équivalent. Les pertes sont ressenties comme plus douloureuses que les gains sont agréables.
🔍 Comment l’identifier :
- Lorsque l’on refuse une proposition risquée même si l’espérance de gain est favorable.
- Lorsque l’on fait des choix uniquement pour éviter un regret potentiel.
💡 Exemples concrets :
- Un investisseur conserve une action déficitaire plutôt que de vendre à perte, malgré des perspectives défavorables.
- Un abonné paie encore pour un service inutilisé, juste pour ne pas “perdre” l’argent déjà investi.
- Sur les réseaux sociaux, on reste abonné à une page inintéressante pour ne pas “perdre” un lien passé ou un souvenir.
🧭 Comment s’en défaire :
- Réfléchir en termes d’espérance mathématique ou de bénéfice global à long terme.
- Accepter qu’une part de risque est souvent nécessaire pour progresser.
🖼️ Biais de cadrage
🎯 Catégorie :
• Biais de présentation de l’information
🧠 Définition :
Tendance à tirer des conclusions différentes selon la manière dont une information est présentée, même si le contenu est objectivement identique.
🔍 Comment l’identifier :
- Préférence ou rejet d’une option uniquement selon la formulation (positive ou négative).
- Réactions émotionnelles différentes face à deux formulations équivalentes.
💡 Exemples concrets :
- Un yaourt “90 % sans matière grasse” est perçu plus positivement que “10 % de matière grasse”.
- Une opération chirurgicale “avec 90 % de chances de survie” est mieux accueillie que “10 % de risques de décès”.
- Une politique décrite comme “créant 1 000 emplois” paraît plus favorable que “ne supprimant que 500 postes”.
🧭 Comment s’en défaire :
- Reformuler les énoncés dans les deux sens pour comparer les effets.
- Se concentrer sur les faits bruts plutôt que sur leur habillage.
- Être conscient que tout discours implique un cadrage, même implicite.
🌀 Biais de choix paradoxal
🎯 Catégorie :
• Biais décisionnels
🧠 Définition :
Phénomène selon lequel une trop grande variété d’options entraîne une surcharge cognitive, rendant la prise de décision plus difficile et moins satisfaisante.
🔍 Comment l’identifier :
- Sentiment d’anxiété ou de paralysie face à un trop grand nombre de possibilités.
- Regret ou insatisfaction après avoir fait un choix, même s’il est objectivement bon.
💡 Exemples concrets :
- Un consommateur passe des heures à comparer 50 modèles d’écouteurs et finit frustré, même après l’achat.
- Un menu de restaurant avec trop de plats rend le choix laborieux et moins satisfaisant.
- Devant des dizaines de séries à regarder, une personne finit par ne rien lancer du tout.
🧭 Comment s’en défaire :
- Limiter volontairement le nombre d’options à considérer.
- Établir des critères clairs avant de comparer.
- Accepter qu’aucun choix n’est parfait et qu’il faut parfois simplement décider.
🔍 Biais de confirmation
🎯 Catégorie :
• Biais cognitifs fondamentaux
🧠 Définition :
Tendance à privilégier les informations qui confirment nos croyances ou hypothèses, tout en ignorant ou dévalorisant celles qui les contredisent.
🔍 Comment l’identifier :
- Lecture sélective des sources allant dans notre sens.
- Refus de considérer sérieusement des arguments opposés.
- Surinterprétation des faits pour qu’ils collent à nos opinions.
💡 Exemples concrets :
- Un complotiste voit dans chaque information “officielle” une preuve de manipulation.
- Un fan politique interprète toutes les nouvelles en faveur de son candidat, même neutres ou critiques.
- Un investisseur ignore les signaux négatifs d’une action car il est persuadé de sa valeur.
🧭 Comment s’en défaire :
- Jouer l’avocat du diable face à ses propres idées.
- S’exposer à des sources variées, même opposées.
- Évaluer les arguments sur leur cohérence plutôt que sur leur alignement avec nos croyances.
📺 Biais de disponibilité
🎯 Catégorie :
• Biais de perception du risque
🧠 Définition :
Tendance à évaluer la probabilité d’un événement en fonction de la facilité avec laquelle on se le remémore, souvent influencée par les médias ou des expériences marquantes.
🔍 Comment l’identifier :
- Surestimation d’un risque médiatisé (crash, attentat, enlèvement).
- Jugement rapide basé sur des souvenirs marquants plutôt que des données réelles.
💡 Exemples concrets :
- Craindre l’avion après avoir vu un reportage sur un crash, alors que c’est un des moyens les plus sûrs.
- Penser que les attaques de requins sont fréquentes à cause d’un film ou d’une série.
- Considérer que la criminalité augmente après avoir vu plusieurs faits divers rapprochés dans le journal télévisé.
🧭 Comment s’en défaire :
- Consulter des statistiques objectives avant d’évaluer un risque.
- Se méfier des anecdotes ou exemples frappants non représentatifs.
- Prendre conscience de l’impact des images fortes ou des récits émotionnels sur notre mémoire.
🌟 Biais de fausse unicité
🎯 Catégorie :
• Biais liés à l’estime de soi
🧠 Définition :
Tendance à percevoir ses qualités ou ses comportements positifs comme plus rares ou exceptionnels qu’ils ne le sont réellement, ce qui renforce une image valorisante de soi.
🔍 Comment l’identifier :
- Penser que sa bienveillance ou son intégrité est unique.
- Se croire plus moral, plus intelligent ou plus engagé que la majorité.
💡 Exemples concrets :
- Un conducteur se juge bien plus prudent que la moyenne (alors que 80 % des gens pensent la même chose).
- Une personne végane se croit seule à avoir “ouvert les yeux”, oubliant les milliers d’autres engagés.
- Un salarié pense être le seul à faire des efforts dans son équipe.
🧭 Comment s’en défaire :
- Comparer ses actions avec des données concrètes ou des observations larges.
- Reconnaître que beaucoup partagent les mêmes valeurs ou efforts sans les afficher.
- Valoriser l’humilité comme vertu cognitive.
🧲 Biais de fixation
🎯 Catégorie :
• Biais d’analyse et de résolution de problèmes
🧠 Définition :
Tendance à rester mentalement bloqué sur une approche ou une solution initiale, empêchant d’explorer d’autres pistes pourtant plus efficaces ou adaptées.
🔍 Comment l’identifier :
- Insistance à résoudre un problème avec une méthode connue, même si elle échoue.
- Refus de considérer des alternatives créatives ou contre-intuitives.
💡 Exemples concrets :
- Un bricoleur s’acharne avec un outil inadapté plutôt que d’envisager une autre technique.
- Un élève bloque sur un type de raisonnement mathématique alors qu’un autre angle serait plus simple.
- Dans une dispute, une personne revient toujours sur le même argument, ignorant les nuances du débat.
🧭 Comment s’en défaire :
- Changer délibérément de perspective ou de méthode après un échec.
- Demander l’avis extérieur pour débloquer une impasse cognitive.
- Pratiquer la pensée latérale et la flexibilité mentale.
🧾 Biais de justification post-hoc
🎯 Catégorie :
• Biais de rationalisation
🧠 Définition :
Tendance à créer des justifications a posteriori pour des décisions ou des comportements déjà effectués, afin de préserver une cohérence interne ou sociale.
🔍 Comment l’identifier :
- Raisons données après coup qui semblent “trop logiques”.
- Évitement d’admettre que la décision était intuitive, irrationnelle ou impulsive.
💡 Exemples concrets :
- Acheter un objet coûteux sur un coup de tête, puis se convaincre qu’il était “nécessaire”.
- Choisir un restaurant au hasard puis affirmer que c’était pour sa carte “équilibrée”.
- Rompre une relation et réécrire mentalement le passé pour légitimer la décision.
🧭 Comment s’en défaire :
- Reconnaître la part d’irrationnel dans nos choix.
- Prendre conscience du besoin humain de cohérence, sans s’y soumettre aveuglément.
- Accepter qu’on peut agir sans toujours avoir une raison logique a posteriori.
⚖️ Biais de la croyance en un monde juste
🎯 Catégorie :
• Biais moraux et sociaux
🧠 Définition :
Croyance selon laquelle les gens obtiennent ce qu’ils méritent (et méritent ce qu’ils obtiennent), ce qui conduit à blâmer les victimes ou à justifier des inégalités.
🔍 Comment l’identifier :
- Raisonnements du type “si cette personne souffre, c’est qu’elle l’a bien cherché”.
- Tendance à nier l’arbitraire ou l’injustice pour préserver un ordre moral rassurant.
💡 Exemples concrets :
- Penser qu’une personne pauvre est forcément “paresseuse”.
- Croire que les victimes d’agressions ont “provoqué” ou “attiré” l’événement.
- Idéaliser la réussite des riches en la liant uniquement à leur mérite personnel.
🧭 Comment s’en défaire :
- Reconnaître l’existence d’aléas, de privilèges et d’injustices structurelles.
- Remplacer le jugement moral par l’empathie et l’analyse systémique.
- S’interroger sur ses réflexes de justification automatique.
🧠 Biais de la mémoire sélective
🎯 Catégorie :
• Biais de mémoire et de reconstruction
🧠 Définition :
Tendance à retenir davantage les souvenirs qui confirment nos croyances, émotions ou récits internes, en oubliant ou minimisant les faits contradictoires.
🔍 Comment l’identifier :
- Rappel partiel ou déformé d’événements selon l’état émotionnel actuel.
- Souvenirs plus nets de ce qui renforce notre vision de nous-mêmes ou des autres.
💡 Exemples concrets :
- Se souvenir uniquement des compliments reçus, ou uniquement des critiques, selon son biais personnel.
- Oublier les moments agréables passés avec une personne qu’on n’aime plus.
- Retenir surtout les défaites quand on a une faible estime de soi.
🧭 Comment s’en défaire :
- Tenir un journal factuel ou solliciter des regards extérieurs pour compléter ses souvenirs.
- Accepter la malléabilité de la mémoire comme un fait, non une fatalité.
- Éviter d’utiliser ses souvenirs comme des preuves objectives.
👁️ Biais de l’effet de l’observateur
🎯 Catégorie :
• Biais d’interprétation comportementale
🧠 Définition :
Tendance à attribuer les comportements d’autrui à des traits de personnalité, tout en négligeant les facteurs contextuels ou situationnels.
🔍 Comment l’identifier :
- Jugements rapides sur les autres basés sur leurs actes, sans chercher à comprendre les circonstances.
- Manque d’empathie envers les contraintes ou les émotions d’autrui.
💡 Exemples concrets :
- Penser qu’un inconnu qui crie est “agressif” plutôt que stressé ou effrayé.
- Juger un collègue “paresseux” sans savoir qu’il traverse une période difficile.
- Qualifier une personne de “froide” parce qu’elle parle peu, sans savoir qu’elle est anxieuse.
🧭 Comment s’en défaire :
- Prendre en compte le contexte et les contraintes avant de juger un comportement.
- S’interroger : “Et si moi, j’avais vécu la même chose ?”
- Développer l’écoute active et la bienveillance cognitive.
✨ Biais de l’effet de halo social
🎯 Catégorie :
• Biais de perception sociale
🧠 Définition :
Tendance à généraliser une impression positive ou négative d’une personne (souvent basée sur un seul trait) à l’ensemble de ses caractéristiques ou compétences.
🔍 Comment l’identifier :
- Confondre beauté et intelligence, ou gentillesse et compétence, etc.
- Évaluer globalement une personne sur un seul critère visible ou ressenti.
💡 Exemples concrets :
- Penser qu’une personne séduisante est forcément plus compétente.
- Attribuer de bonnes intentions à quelqu’un juste parce qu’il est souriant.
- Disqualifier quelqu’un d’antipathique sur la base de son style vestimentaire ou d’un ton sec.
🧭 Comment s’en défaire :
- Évaluer les gens sur des critères séparés et spécifiques.
- Prendre conscience de l’impact de nos premières impressions.
- Remettre en question les jugements “globaux” trop rapides.
📍 Biais de l’effet de proximité
🎯 Catégorie :
• Biais spatiaux et émotionnels
🧠 Définition :
Tendance à accorder plus d’importance aux événements ou personnes proches de nous (géographiquement, émotionnellement ou temporellement) qu’à ceux qui sont éloignés.
🔍 Comment l’identifier :
- Réaction plus vive à une injustice locale qu’à une tragédie lointaine.
- Évaluation biaisée de la gravité en fonction de la distance personnelle.
💡 Exemples concrets :
- Être plus choqué par un accident dans sa ville que par une guerre à l’autre bout du monde.
- Donner à une association locale sans s’informer sur des causes plus urgentes ailleurs.
- S’inquiéter pour la pluie à son mariage, mais pas pour une sécheresse extrême à l’international.
🧭 Comment s’en défaire :
- Prendre du recul émotionnel sur la distance des événements.
- Comparer les enjeux réels plutôt que les ressentis de proximité.
- Sensibiliser à l’interdépendance des systèmes globaux.
🎮 Biais de l’illusion de contrôle
🎯 Catégorie :
• Biais cognitifs
🧠 Définition :
Tendance à surestimer notre capacité à influencer des événements qui sont en réalité hors de notre portée ou déterminés par le hasard.
🔍 Comment l’identifier :
- Croyance d’avoir un impact sur un résultat aléatoire.
- Rituels ou comportements superstitieux liés à des résultats externes.
💡 Exemples concrets :
- Penser qu’appuyer fort sur un bouton d’ascenseur le fera venir plus vite.
- Changer de place pendant un match en pensant influencer la victoire.
- Jouer à pile ou face en croyant pouvoir “maîtriser” le résultat.
🧭 Comment s’en défaire :
- Identifier les variables réellement sous notre contrôle.
- Évaluer objectivement l’impact de nos actions.
- Accepter une part d’aléatoire dans la vie sans chercher à la dominer.
🪢 Biais d’engagement
🎯 Catégorie :
• Biais liés à la dissonance cognitive
🧠 Définition :
Tendance à persister dans une décision, un comportement ou un investissement passé, même lorsqu’il est devenu irrationnel, parce qu’on y a déjà consacré du temps, de l’énergie ou de l’argent.
🔍 Comment l’identifier :
- Refus de renoncer à un projet voué à l’échec.
- Justification d’un comportement passé pour éviter l’aveu d’erreur.
💡 Exemples concrets :
- Continuer à regarder une série qu’on n’aime pas parce qu’on a “déjà regardé 4 saisons”.
- Investir encore dans un projet bancal pour ne pas “perdre ce qu’on a mis”.
- Rester dans une relation destructrice sous prétexte des années passées ensemble.
🧭 Comment s’en défaire :
- Se recentrer sur le présent et l’avenir, pas sur les coûts passés.
- Évaluer les décisions sur leur valeur actuelle, pas historique.
- Accepter que changer d’avis n’est pas un échec, mais une évolution.
☁️ Biais de négativité
🎯 Catégorie :
• Biais émotionnels
🧠 Définition :
Tendance à accorder plus d’attention, de poids ou de mémoire aux événements négatifs qu’aux positifs, même lorsqu’ils sont de même intensité.
🔍 Comment l’identifier :
- Souvenir plus vif d’une critique que de plusieurs compliments.
- Focalisation sur ce qui ne va pas malgré des éléments positifs.
💡 Exemples concrets :
- Une journée gâchée par un petit accrochage malgré plein de bons moments.
- Un média qui se concentre quasi exclusivement sur les catastrophes.
- Un commentaire négatif qui éclipse 10 avis positifs sur un projet.
🧭 Comment s’en défaire :
- Pratiquer la gratitude et la pleine conscience du positif.
- Rétablir la proportionnalité dans l’analyse émotionnelle.
- Contrebalancer activement les pensées négatives par des rappels positifs.
❤️ Biais d’émotivité
🎯 Catégorie :
• Biais émotionnels
🧠 Définition :
Tendance à être influencé par nos émotions dans l’évaluation des faits, des risques ou des décisions, au détriment de la logique ou des données objectives.
🔍 Comment l’identifier :
- Jugement plus dur ou plus indulgent en fonction de l’état émotionnel du moment.
- Décisions impulsives sous le coup de la colère, de la peur ou de l’euphorie.
💡 Exemples concrets :
- Surévaluer une menace après avoir vu un film angoissant.
- Refuser une proposition logique parce qu’on n’aime pas la personne qui la fait.
- Acheter compulsivement après une journée difficile pour “se remonter le moral”.
🧭 Comment s’en défaire :
- Identifier l’émotion dominante au moment de la décision.
- Prendre le temps de “refroidir” avant de trancher.
- Faire relire ou valider une décision par une personne moins émotionnellement impliquée.
🔩 Biais d’inhérence
🎯 Catégorie :
• Biais d’attribution
🧠 Définition :
Tendance à croire que les propriétés ou comportements d’un objet ou d’une personne sont dus à leur nature intrinsèque, plutôt qu’à des facteurs contextuels ou sociaux.
🔍 Comment l’identifier :
- Interpréter les caractéristiques visibles comme des causes naturelles ou essentielles.
- Associer des comportements à une “essence” plutôt qu’à une construction sociale.
💡 Exemples concrets :
- Penser qu’un enfant turbulent est “naturellement difficile” sans considérer son environnement.
- Attribuer les inégalités de réussite à la capacité “innée” plutôt qu’à l’accès aux ressources.
- Considérer qu’un objet est cher “parce qu’il est luxueux”, sans analyser les raisons économiques.
🧭 Comment s’en défaire :
- Remettre en question les causes “évidentes” ou “naturelles”.
- Prendre en compte le contexte, l’éducation, l’histoire sociale des comportements.
- Adopter une posture d’analyse systémique plutôt qu’essentialiste.
🍬 Biais de gratification instantanée
🎯 Catégorie :
• Biais temporels et de volonté
🧠 Définition :
Tendance à préférer une récompense immédiate, même moindre, à une récompense future plus importante, souvent au détriment de notre intérêt à long terme.
🔍 Comment l’identifier :
- Choix impulsifs malgré des conséquences futures défavorables.
- Recherche de plaisir immédiat sans considération du coût à long terme.
💡 Exemples concrets :
- Grignoter un snack sucré plutôt que préparer un repas équilibré.
- Dépenser tout son budget dès le début du mois sans planification.
- Regarder une série au lieu de réviser pour un examen important.
🧭 Comment s’en défaire :
- Pratiquer la visualisation du bénéfice différé.
- Établir des rituels de récompense différée pour renforcer l’habitude.
- Utiliser des rappels ou outils pour garder le cap sur les objectifs long terme.
👪 Biais de groupe
🎯 Catégorie :
• Biais sociaux
🧠 Définition :
Tendance à favoriser les membres de son propre groupe (réel ou symbolique), en les jugeant plus positivement que les membres des groupes extérieurs.
🔍 Comment l’identifier :
- Préférences ou jugements biaisés selon l’appartenance identitaire.
- Critique plus facile des “autres” que de ses “semblables”.
💡 Exemples concrets :
- Supporter une décision injuste parce qu’elle vient de son parti politique ou équipe favorite.
- Excuser les erreurs de ses collègues mais condamner les mêmes chez les concurrents.
- Favoriser inconsciemment les personnes ayant des points communs sociaux ou culturels avec soi.
🧭 Comment s’en défaire :
- Prendre conscience de son propre sentiment d’appartenance.
- Évaluer les personnes sur leurs actes, non leur groupe.
- Pratiquer la pensée universaliste et la curiosité pour les groupes “autres”.
🔢 Biais de primauté
🎯 Catégorie :
• Biais de mémoire
🧠 Définition :
Tendance à mieux se souvenir des premiers éléments d’une liste ou d’une expérience, ce qui influence nos perceptions ou décisions finales.
🔍 Comment l’identifier :
- Mémoire sélective sur les premiers arguments ou propositions.
- Préférence ou jugement influencé par le tout début d’un contact ou d’un discours.
💡 Exemples concrets :
- Se souvenir surtout du premier intervenant dans une réunion longue.
- Être fortement marqué par une première impression, positive ou négative.
- Donner plus de valeur au premier avis consulté dans des comparatifs.
🧭 Comment s’en défaire :
- Revenir régulièrement sur l’ensemble des options disponibles.
- Prendre des notes pour équilibrer l’effet de position dans les listes ou présentations.
- Faire l’effort d’évaluer chaque élément indépendamment de son ordre d’apparition.
📽️ Biais de projection
🎯 Catégorie :
• Biais d’attribution
🧠 Définition :
Tendance à supposer que les autres pensent, ressentent ou agissent comme nous, en projetant notre propre vision du monde sur autrui.
🔍 Comment l’identifier :
- Attente implicite que les autres réagissent “comme nous”.
- Jugements fondés sur notre propre système de valeurs ou nos émotions.
💡 Exemples concrets :
- Penser qu’une blague nous fait rire donc elle fera rire tout le monde.
- S’attendre à ce qu’un collègue réagisse à une critique comme on l’aurait fait soi-même.
- Croire que tout le monde veut réussir ou être aimé de la même façon que nous.
🧭 Comment s’en défaire :
- Prendre conscience de la diversité des ressentis et des attentes humaines.
- Poser des questions au lieu de supposer.
- Remettre en question l’universalité de nos réactions ou opinions.






